Déclaration de M. Louis Check Sissoko, Président L'ECOSOCC, À L’Occasion du 80ᵉ Anniversaire des Nations Unies, en Vue de l’Accélération du Programme de Réforme Et du Renforcement de la Dynamique Vers La Justice Et les Réparations

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  • S.E.M. Robert DUSSEY, ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration régionale et des Togolais de l'étranger
  • S.E.M. Hon. Samuel Okudzeto ABLAKWA, ministre des Affaires étrangères du Ghana
  • S.E.M  Tete ANTONIO, ministre des Affaires étrangères de l'Angola, actuel président de l'Union africaine
  • S.E.M Mahamoud Ali Youssouf, Président de la Commission de l'Union africaine ou son représentant
  • Vos Excellences, Mesdames et Messieurs les délégués, chers collègues

Au nom du Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine, je tiens à exprimer notre gratitude et notre reconnaissance à la République togolaise pour avoir porté ce dialogue crucial sur la scène internationale alors que nous célébrons les 80 ans de l'Assemblée générale des Nations unies.

Le thème de notre événement, « Les Nations Unies 80 ans plus tard : accélérer le programme de réforme et renforcer la dynamique en faveur de la justice et des réparations », n'est pas seulement un sujet de discussion ; c'est l'appel urgent et retentissant des peuples africains à la communauté internationale.

Les Nations Unies sont nées des cendres d'une guerre dévastatrice, fondées sur les nobles idéaux de paix, de droits de l'homme et de justice pour tous.

Pourtant, alors que nous sommes ici aujourd'hui, les peuples d'Afrique affirment que pour que ces idéaux se réalisent pleinement, l'institution elle-même doit subir une profonde métamorphose. L'architecture de 1945 n'est pas adaptée pour relever les défis complexes du XXIe siècle et répondre à la grande question que nous nous posons : où se situe l'Afrique dans cette superstructure prétendument mondiale ? Notre message principal est sans équivoque :

L'accélération du programme de réforme de l'ONU n'est pas une option, mais une nécessité. Nous avons besoin d'une Organisation des Nations Unies qui soit véritablement représentative, démocratique et efficace. Cela nécessite avant tout la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU afin de corriger une anomalie historique et d'accorder à l'Afrique une voix et une présence significatives, conformément au consensus d'Ezulwini. Cela nécessite une refonte des institutions financières internationales afin qu'elles cessent d'être des instruments d'inégalité perpétuelle et deviennent des moteurs d'un développement équitable et durable. L'appel à une transformation institutionnelle est un appel en faveur d'un système multilatéral qui fonctionne pour l'ensemble de l'humanité, et non pour une poignée de privilégiés.

Le renforcement du thème de l'UA pour l'année 2025 à la lumière de l'AGNU @80 rend cette demande de réforme structurelle encore plus opportune et plus importante ; cette demande est inextricablement liée au deuxième pilier de notre thème : l'élan irrépressible vers la justice et les réparations.

Les crimes historiques que sont l'esclavage transatlantique, le colonialisme et l'exploitation économique ne sont pas de simples épisodes ; ils ont été à la base d'un ordre mondial qui a systématiquement désavantagé l'Afrique. Leur héritage n'est pas abstrait ; il est visible dans les régions déstabilisées, les disparités économiques, les fractures sociales et la dette écologique supportée par notre continent.

L'appel à des réparations est donc un appel à la responsabilité historique, à la justice réparatrice et à un examen éthique. Il ne s'agit pas d'un appel à la charité, mais d'une demande de réparation pour des dommages profonds et durables. L'Afrique n'attend plus la permission de faire avancer ce programme.

Grâce à la décision des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine de créer un Fonds spécial pour les réparations et un Comité africain d'experts sur les réparations, nous passons résolument du discours à la structure. Nous construisons un dossier solide, fondé sur des preuves, et favorisons une position continentale unifiée. Nous sommes ici aujourd'hui non seulement pour parler, mais aussi pour rechercher de véritables partenaires dans ce processus de guérison.

Excellences, mesdames, messieurs,

Permettre moi de vous rappeler, si besoin l’était, que l’ensemble de la société civile africaine, sous le leadership de l’ECOSOCC, est résolument mobilisée et engagée pour mener ce combat. Il ne s’agit pas d’un combat des gouvernements et leaders politiques, il s’agit d’un combat du peuple africain qui appelle résolument à la fin des inégalités profondent qui minent notre monde.

Excellences, mesdames, messieurs,

Nous pensons humblement qu’il faut plus d’action. Nous devons saisir chaque opportunité de rencontre multilatéral pour rappeler notre appel urgent à la réparation et à la fin des inégalités.

Qu’il s’agisse de la présente Assemblée Générale de l’ONU, du prochain sommet UA/UE, de la COP, mais également du prochain sommet du G20, vous avez notre entier soutien pour exiger les réformes et les réparations qui nous sont dus.

Ce n’est pas une demande du continent mais une exigence. Au sein de la société civile, nous continuerons notre plaidoyer au niveau international et continental, nos recherches, nous continuerons de porter la voix des sans voix, des victimes de cette profonde inégalité qui vivent dans nos villes et nos campagnes. L’ECOSOCC continuera de créer des plateformes pour engager la société civile et la diaspora et sera en première ligne de ce combat.

En conclusion, c'est le moment d'accélérer les réformes et d'institutionnaliser le dialogue sur les réparations au sein des plus hautes sphères de cette organisation.

Partons d'ici avec un engagement renouvelé à transformer les promesses de la Charte des Nations Unies en une réalité vécue par tous. Travaillons ensemble pour construire une communauté mondiale où les blessures du passé sont reconnues et traitées, et où nos institutions sont réorganisées afin de garantir un avenir juste, équitable et prospère pour les générations à venir.

Je vous remercie.